[Studio de l'Hacienda (Jean Gamet, propriétaire)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
description Adresse de prise de vue (en 2001) : Les Studios de L'Hacienda, allée de l'Hacienda, 69170 Tarare.
historique A dire vrai, à Tarare, genre de ville fantôme oubliée du département, il n'y a pas grand chose : l'entreprise Gerflor, un kitschissime Mac Donald, l'imprimerie Barlerin et le studio de l'Hacienda. Voilà tout. Les autochtones, eux, on ne les voit pas - y en a t-il seulement ? Des trois entreprises susmentionnées, les deux dernières ont un lien avec Jean Gamet, descendant direct de M. Barlerin, voyageur impénitent au XIXe siècle, créateur du journal Le Bon Citoyen de Tarare et du Coin, patriarche d'un petit empire local qui aura accumulé, avec les siècles, activités agricoles et entrepreneuriales prolifiques. Restent aujourd'hui l'imposante imprimerie Barlerin, créée en 1862, et le studio de l'Hacienda, qui a vu le jour cent vingt-trois ans plus tard, en 1985, sous l'impulsion d'un homme passionné : Jean Gamet, né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1946. "Une période difficile". Construit dans une ancienne mûrisserie à fruits, le studio tient son nom de la splendide demeure familiale qui domine les coteaux vallonnés du Beaujolais. Chez les Gamet, tout ou presque s'appelle "Hacienda". Le premier groupe de rock de Jean et ses frères ne se nommait-il pas Hacienda Rockin' Band ? Aujourd'hui, pour nombre d'avertis, l'Hacienda, équivalent de l'ICP à Bruxelles, est le plus beau studio de la région, l'un des mieux équipés, avec sa console Lafont Chroma 64 voies, ses 48 pistes numériques et autant en analogique, ses effets, micros, enceintes, ses chambres d'hôtes et tutti quanti. Un lieu particulier où règne un véritable état d'esprit, "apaisant" diront les pratiquants, las des remous de la capitale. Ils sont quantité d'artistes à ne s'être pas trompés en étant venus enregistrer à l'Hacienda. Un gage de qualité arrivé avec les succès, en 1988, de "Coeur de Loup" de Philippe Lafontaine, et en 1991, de "Nos Fiançailles" de l'émacié Nilda Fernandez. "Nos premières cartes de visites", raconte Jean Gamet. Pour ce qui est de la suite, le palmarès n'en est que plus estimable : Youssou N'Dour, Claude Barthélémy, Jimmy Oihid, Philippe Lavil, Les Infidèles, Gnawa Diffusion, Daran et les Chaises... sont passés un jour par l'Hacienda. Gérant des lieux, Jean Gamet est un ancien auteur-compositeur-interprète, triumvirat classique qui lui permit de rencontrer, à la fin des année soixante-dix et au début de la décennie suivante, une gloire certaine avec notamment le titre "Sunset", copieusement diffusé sur les ondes. "J'ai profité comme beaucoup d'autres du créneau des radios libres, continue l'ami de Louis Chédid. C'est en 1980 que sort un premier album, "La vie qui roule", enregistré en un an, à raison d'allers et retours hebdomadaires Paris-Tarare harassants. "Je montais à la capitale avec une Alfa Sud". Un souvenir anecdotique qu'il ne faut pas prendre à la légère. "C'est à cette époque que j'ai commencé à croire vraiment à la décentralisation culturelle. Quelle illusion !", rumine Jean Gamet, homme affable incarnant la bonhomie qui a éprouvé plus d'une déception de ce côté là. Aujourd'hui, il pose clairement le problème (et problème il y a) : "La culture de producteur en Rhône-Alpes n'existe pas. Ça, c'est le centralisme typiquement français. Si on ajoute le peu de conviction pour ce métier au niveau institutionnel... L'aide est toujours allée vers l'élitisme. C'est catastrophique", éructe aujourd'hui Jean Gamet, montrant directement du doigt la Drac. Lui et son complice Stéphane Piot, ingénieur du son talentueux de l'Hacienda arrivé en 1986, tentent, à bout de bras, de faire perdurer le peu de productions indépendantes qui existent sur la région. On leur doit, via des labels propres, des productions ou coproductions pour Blankass, Daclin, Les Infidèles ou les Dogs (dont le superbe double live "Short, Fast & TIght" devrait bientôt paraître); et toute une série de réalisations locales avec Snappin Boys, Raze City Plage, Nomades & Skaetera, Warda ou encore le séraphin Sin-é [...]. Source : "Les cris dans le désert de Jean Gamet" / Fabrice Arfi in Lyon Figaro, 6 août 2001, p.18.
note bibliographique [En ligne] : http://www.jeangamet.fr/ (consulté le 12-06-2018).

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